J’ai assisté à une scène surréaliste au départ de la quatrième étape de 46ème édition du tour de Marie-Galante. Je me suis posé la question suivante, le vivre-ensemble a t-il du plomb dans l’aile ?
Des échanges vifs ont eu lieu autour de l’organisation de la manifestation. Des plaintes ont été déposées par des touristes se plaignant des présumés désordres générés par cet événement sportif annuel : le bruit de la caravane, les embouteillages, « l’atteinte » à la liberté de circulation. Certains protagonistes allant jusqu’à suggérer au président de l’UVMG l’annulation du Tour de Marie-Galante pour les années à venir.
Selon eux, l’épreuve occasionnerait trop de désordres et troublerait la quiétude des visiteurs de la Grande galette. Tout cela pourrait prêter à sourire, tant la scène semble irréelle et ressemble à un gag. Sauf que la réalité dépasse la fiction !
Ancrés profondément dans l’âme du pays, les Marie-galantais sont foncièrement attachés à cette épreuve cycliste qui a vu le jour grâce à la volonté farouche de femmes et d’hommes « ensouchés » dans cette terre authentique.
Avec les fêtes communales, les transats maritimes, le festival « Terre de Blues », le tour cycliste représente une belle opportunité pour les secteurs économiques qui ont beaucoup souffert ces dernières années (loueurs de voitures, hôteliers, gîtes et restaurateurs….).
D’autant que le sport est vecteur de lien social et le cyclisme, l’école de l’effort, du dépassement de soi. Le tour lie et relie les sportifs, les passionnés, les amateurs et les habitants de Marie-Galante.
Les petites étincelles provoquant parfois de grands feux que personne ne parvient à éteindre, un paradis peut se transformer (rapidement) en enfer. Certains propos (maladroits), certaines attitudes (irrévérencieuses) sont devenus trop fréquents en Guadeloupe. Bien que cela ait toujours existé, ils se manifestent (désormais) de manière ostentatoire et débridée, notamment sur les réseaux sociaux. Mais, l’histoire bégaie, et nous rappelle certains épisodes malheureux qui ont d’ailleurs donné naissance à de grands mouvements sociaux (affaire SrnSky, Faisans, Charles-Henri Salin…).
Amoureux de la ville rose, j’imagine la tête des supporters du Stade toulousain, remportant le bouclier de Brennus[1], à qui un Guadeloupéen demanderait de faire moins de bruit sous les fenêtres des arcades, situées à la place du Capitole. De même s’il remettait en cause l’organisation du Tour de France ou des jeux Olympiques. Ce mépris des rites, des « mès é labitid » de la culture guadeloupéenne est désormais pleinement assumé et se pratique au grand jour. Une attitude qui si l’on n’y prend garde va profondément fissurer le ciment de notre communauté.
Sans colère, sans haine, ni rejet de l’autre, il faudrait traiter cette tendance, comme une urgence, avant qu’elle ne se propage davantage et atteigne un point de non-retour. Voilà lancée cette simple invitation à la concorde. Les sociétés modernes vivent sur des braises incandescentes et nous devons tout faire pour éviter qu’elles ne s’enflamment. L’exemple calédonien devrait suffire à nous convaincre !
Contrairement à une idée faussement véhiculée, nous accueillons nos hôtes la main sur le cœur. Mais, vivre sous nos latitudes suppose également le respect de nos traditions, de notre patrimoine, de notre culture, de nos initiatives et de notre douloureuse Histoire.
Amateur de la petite reine, je suppose que cet épisode malheureux ne restera qu’un mauvais souvenir. Les fans des Urcel, Clavier, Gene, Carène et Ruffine… ne garderont à l’esprit que les efforts fournis par les forçats de la route, le sérieux des organisateurs et les images magnifiques offertes depuis les hauteurs pittoresques de Pichery, Moringlane et au sommet du Morne Lolo, au pays de Guy Tirolien.
Saint-Louis, le 28 juillet 2024
[1] – Récompense décernée à l’équipe victorieuse du championnat de France de rugby à XV.

Il faut arrêter ce genres de comportements sur notre île pendant qu’il est encore temps nous risquons de le regretter dans l’avenir di yo Ail fè sa ou Ail di sa en corse!!! nou tro gentil