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La société guadeloupéenne tente de se construire, mais elle demeure fragile et duale, ce qui occasionne de nombreux soubresauts. L’échec des politiques publiques dans des domaines stratégiques comme l’eau, les déchets et les transports ne fait qu’accentuer le sentiment de mécontentement de la population qui doute des acteurs publics et des institutions. Il est important de comprendre que les causes qui ont présidé à la grande crise de 2009 demeurent encore vivaces. Tous nos efforts doivent tendre vers un seul et même objectif : rendre le monde de demain meilleur. Nous le devons aux générations futures.

L’ère de l’emploi public s’achève. Il faut maintenant chercher d’autres voies de création d’emplois. Nous avons hélas adopté la culture de la fonction publique et cultivé la peur du risque.

Or, aujourd’hui, il faut donner les moyens du risque au jeune entrepreneur qui veut se lancer dans les secteurs innovants. Tenons compte des réalités de ce secteur et accompagnons-le avec des actions adaptées. Mettons en place des critères spécifiques pour évaluer les risques et introduisons de la souplesse dans notre système de financement. Il s’agit de convaincre les jeunes qu’ils doivent s’approprier les vertus de l’innovation, de la compétitivité, de l’audace.

La compétitivité, l’innovation nous permettront de créer de la croissance et des emplois dans nos territoires et de remettre en avant l’indicateur confiance.

Une confiance en nous et en notre pays qui doit nous permettre de créer les conditions d’un développement optimal des jeunes “pousses“ et de les aider à passer du rêve à la réalité. Mais pour atteindre cet objectif, nous devrons commencer par rompre avec un certain conformisme, une facilité qui consiste à appliquer des processus et des méthodes qui ont pourtant échoué.

Nous devons offrir rapidement des opportunités concrètes à nos entrepreneurs, à défaut, nous ne ferons qu’amplifier la fuite vers d’autres horizons. Lutter contre la fuite des cerveaux en offrant rapidement des opportunités concrètes à notre jeunesse, voilà l’enjeu vital pour demain.

Des règles plus souples pour créer du dynamisme

Nombreux sont ceux qui souhaitent investir dans les secteurs innovants, à ne disposer que de leur génie propre comme seule ressource. Il faut souligner les délais, anormalement, longs entre la présentation, l’instruction des dossiers et la mise à disposition effective des fonds. “Le temps, c’est de l’argent”, et ne pas pouvoir en disposer, dans un délai raisonnable, peut rendre un projet rapidement obsolète. Les investissements portés par les collectivités publiques, zones d’aménagement économique, zones d’aménagement concerté, privilégient le modèle économique existant et des activités économiques anciennes, mais dominantes. L’accès à ces programmes nécessite des moyens financiers considérables et n’est absolument pas conçu pour accueillir des patrons de start-up. La trop grande complexité des règles d’éligibilité, dans l’attribution des aides publiques, brime toute initiative, même chez les porteurs les plus volontaires de projets. Ceci ne favorise pas le dynamisme local et pénalise l’initiative privée. Le taux de chômage élevé, le nombre de fermetures d’entreprises, et surtout le nombre de projets innovants qui ne parviennent pas à voir le jour en sont hélas une illustration. En Guadeloupe, il y a beaucoup de créations d’entreprises, mais encore trop peu d’entreprises parviennent à franchir le seuil des deux années d’existence. C’est pour cela que nous devons accroître le nombre de couveuses qui doivent fonctionner comme des accélérateurs d’idées.

Un jeune Guadeloupéen doit pouvoir se projeter dans la peau d’un capitaine d’industrie. Le projet « AUDACIA Technopole Caraïbes » vise à inscrire notre pays dans le monde d’après. La concrétisation de ce projet traduit la volonté d’instaurer un nouveau modèle économique visant à insuffler l’esprit d’entreprise à une nouvelle génération d’entrepreneurs. La Technopole deviendra le carrefour des projets innovants qui doit capter les innovations de rupture et dépasser la crise. L’ambition est de faire de la “vallée du morne Bernard”, un lieu d’épanouissement des entreprises et des hommes. Un pôle de compétitivité et d’excellence dédié à l’innovation.

Désormais, il importe de ne nourrir aucun complexe, bien au contraire. Nos régions disposent en premier lieu, d’une jeunesse ambitieuse, talentueuse, qui comme Édouard GLISSANT “agit en son lieu et pense avec le monde”.

Notre prochain défi consiste donc à créer notre propre modèle de développement.

Simone Schwarz-Bart nous apprend que “le pays dépend bien souvent du cœur de l’homme : il est minuscule si le cœur est petit, et immense si le cœur est grand“.

Cela signifie que la Guadeloupe sera ce que nous en ferons. Se fixer des ambitions sans limites, lutter contre la “déclinisme“, le fatalisme, une morosité ambiante et reprendre confiance en nous, mettre en avant nos atouts et qualités.

S’inscrire dans le monde d’après, c’est relever les grands défis du troisième millénaire, la lutte contre le réchauffement climatique, la transition écologique, la recherche de nouvelles sources d’énergie, et le développement de nouveaux modes de consommation. Un monde dans lequel, nos jeunes pourront faire des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vues. Certes, tout changement est difficile. Pourtant cette ambition doit nous garantir d’être la “Silicon valley“ de la Caraïbes. Nous allons certainement commettre des erreurs, vivre des déceptions, mais nous saurons persister et tirer les leçons de nos échecs pour viser toujours l’excellence. C’est une voie difficile, mais il n’y en a pas d’autres.

(FA Guadeloupe 29 & 30 juin 2019)

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